De la famille des Castoridae, le castor est le plus grand rongeur recensé en Amérique du Nord, le second au monde suivant le capybara. Ce mammifère, avec sa queue, peut mesurer jusqu’à 1,35 mètre et son poids est compris entre 13 kg et 35 kg, mais certains spécimens peuvent peser plus et atteindre les 45 kg. Il se caractérise par un corps trapu, et une anatomie rondelette habillé d’une fourrure de couleur blond virant au roux ou d’une couleur plus foncée, imperméable et épaisse. Le castor est doté d’une queue plutôt large couverte d’écailles dures et de poils fins rugueux. Toutefois, même caractérisée ainsi, sa queue musclée est douée d’une certaine flexibilité. Le castor possède des pattes dont celles d’avant sont munies de griffes lui servant de mains pour saisir, et celles de derrière se caractérisent par des palmes qui assurent ses prouesses en nage.
Le castor, comme tous les rongeurs, est pourvu de deux grandes incisives très robustes, pointues et longues qui ont l’avantage de se développer en permanence. Pour celles du castor, la couleur est d’une nuance orangée. Il possède deux petits yeux avec une acuité visuelle plus développée dedans comme hors de l’eau. Les oreilles et les narines du castor ont la faculté de se fermer sous l’eau. Chez les castors, le dimorphisme sexuel n’est pas si évident, le seul signe particulier chez une femelle est la présence d’une paire de mamelle. Si certains individus ont une longévité de 10 ans, d’autres peuvent vivre jusqu’à 20 ans dans la nature.
L’habilité impressionnante du castor
Le castor est considéré comme un animal doué d’une capacité digne d’un architecte. Il a un grand sens de l’aménagement pour être ainsi appelé « ingénieur de l’écosystème ». En effet, le castor construit lui-même un barrage servant à maintenir son terrier sous l’eau, loin des regards de ses prédateurs. Grâce à sa grande faculté à couper les arbres par la force de ses dents, le castor arrive à ériger des barrages et à creuser des canaux. Il déplace les branches et les pierres avec ses pattes avant lui servant de mains pour soulever et transporter ces matériaux, utiles pour construire un barrage. En vrai architecte, le castor peut ériger un barrage en 24 heures, selon son envergure. Il peut en construire de plus longs, jusqu’à quelque centaines de mètre, et le record qu’on ait pu enregistrer jusque-là est de 850 mètres, un vrai chef-d’œuvre.
Avec le barrage, le castor s’occupe également de la construction de son hutte dont la dureté assure un habitat pendant des années. Cette hutte, implantée sur la berge d’une rivière ou au beau milieu d’un étang, peut être bâtie en quelques semaines seulement. Avec une vraie architecture, la hutte est composée de deux tunnels servant d’entrée et d’issu de secours, d’une partie pour le repos, d’une autre pour s’alimenter et d’une aération. Le castor peut abattre en moyenne 216 arbres pour confectionner des barrages, des arbres dont le diamètre peut atteindre les 40 centimètres.
Le castor a différents systèmes de communication. Il peut ainsi marquer son passage avec des « galettes de boue » sur lesquelles sont marquées ses empreintes. Il renforce ce marquage en les induisant d’huile avec une odeur qui lui est spécifique. Le castor communique également avec des sons. Il émet des mugissements et des geignements, ainsi que par les bruits que fait sa queue sur l’eau. Cela lui sert également de signaux pour avertir les autres d’un danger aux alentours. Le castor est doté de différents sens bien développé. Il use de son odorat pour se déplacer la nuit, il peut aussi utiliser son ouïe et se fait aider par ses moustaches et ses vibrisses qui poussent sur ses sourcils. Le castor a une bonne acuité visuelle, et peut bien voir la nuit.
Le castor, un rongeur ami de l’eau
Le castor est plus leste dans l’eau. C’est un animal plutôt aquatique dont certaines parties du corps, essentiellement la queue et les pattes postérieures, sont apparentées à celles de certaines espèces de poisson. Le castor se concentre dans les cours d’eau bordés par des bois, mais certaines populations peuvent aussi occuper des régions non-boisées, mais où évoluent des arbustes longeant la rivière. Le castor apprécie les lacs et les étangs, toute une famille vit ensemble dans la hutte, construite sous l’eau.
Le castor est un animal prévoyant. Il fait des provisions en nourritures pendant l’été afin d’assurer l’hiver. Le castor est un herbivore à 100% qui se nourrit exclusivement de repas issus de végétaux. Il mange des écorces, apprécie les tiges, se sert de bourgeons et de plantes aquatiques. Il est aussi friand de feuillus et d’arbustes. Comme provisions, le castor cache une assez grande quantité sous la surface de l’eau et qui sont scrupuleusement couvertes par des feuilles des arbres que le castor n’affectionne pas vraiment.
Le castor a un penchant particulier pour les saules, les bouleaux, les peupliers et les peupliers faux-tremblant. Les chercheurs stipulent que des arbres couvrant un demi-hectare permettent d’assurer la nourriture d’un castor pendant une année. En saison de grand froid, le castor remplit sa ration avec des racines et des tiges de plantes aquatiques, en l’occurrence ceux des nénuphars blancs et de la massette. L’été se caractérise par des repas composés de graminées, de feuilles et même de fruits.
Le castor est reconnu pour être un animal monogame qui n’aura qu’un seul partenaire tout au long de sa vie. Un régime à forte tendance matriarcale, la femelle décide même de l’emplacement de la hutte. Si son compagnon meurt, la femelle peut prendre un autre mâle comme partenaire. La saison des amours se situe entre le mois de janvier et le mois de février. La séduction se fait avec des jeux nuptiaux et une parade dans l’eau. L’accouplement se passe dans la hutte, celle du couple et des membres de sa famille, et le mâle y sera chassé des jours avant la naissance pour s’établir temporairement dans une ancienne hutte. Au bout d’une gestation qui dure entre 103 et 108 jours, la femelle du castor donne naissance à deux, trois ou quatre petits castors.
À leur naissance, les petits castors mesurent 12 centimètres en ne pèsent que 450 gramme environ. Le bébé castor est plutôt précoce par rapport aux autres animaux, puisqu’il est déjà vêtu d’une belle fourrure, il a déjà ses dents et est déjà doté d’une vue. Le bébé castor arrive, dès son premier jour, à marcher et à nager. Pendant un mois, il va rester avec sa maman et ne sortira de la hutte familiale qu’à cet âge. Quand la maman sent des dangers qui menacent ses progénitures, elle les transporte avec sa bouche et emmène ses bébés dans un autre refuge, sous l’eau. Les parents et les enfants formeront une famille soudée jusqu’à ce que les petits atteignent leurs deux ou trois ans. Aucune tâche ne leur est attribuée à leur première été, mais ils commenceront à s’occuper de la coupe de la nourriture, à la réparation de la hutte ainsi que la digue et à la confection de canaux et de chêneaux l’année suivante. Au printemps après leur naissance, les jeunes se sentent prêts à vivre leur indépendance en se dispersant et en migrant vers d’autres endroits et cours d’eau pour construire leur hutte respective.
Le castor, une espèce particulièrement protégée
Le castor est un parfait allié des hommes, mais a pour prédateur l’humain, plus dangereux que ses prédateurs attitrés, à savoir le carcajou, le loup, l’ours ou le lynx. En effet, la fourrure du castor est très convoitée que plus de 200 000 peaux par an de cette espèce faisaient l’objet d’un commerce autrefois. Des textes et des lois ont été adoptés dans les années 30 et le trafic a nettement chuté. Le castor est inscrit dans la liste des espèces vulnérable par l’UICN, et est particulièrement considéré comme une espèce à protéger.
On accuse aussi aux castors l’assèchement de certaines cultures à cause de leurs barrages et de leurs digues. L’espèce était alors traquée pour cette raison. Néanmoins, les actions prises par les castors permettent le maintien de l’écosystème en optimisant l’habitat des autres espèces, en maintenant le niveau et l’écoulement des cours d’eau. Une loi fédérale établie en 1962 protège particulièrement le castor contre la chasse et autre exploitation de l’espèce.